Avez-vous déjà ressenti un état de manque... ? Quand il vous manque quelqu'un ou quelque chose, cette impression de vide, cette impression d'être seul, d'avoir perdu tout but, toutes envies... Le sentiment que votre cœur va se déchirer si vous ne trouvez pas rapidement ce qui vous manque. Si vous ne comblez pas ce vide en vous... Une impression de solitude, plus vous regardez au loin et plus ce mal-être grandi, plus vous y pensez et plus vous vous dites que c'est impossible à combler. Avez-vous déjà fait quelque chose d’irréparable, ou subit quelque chose que vous ne pouvez pas changer ? Comme un mot jeté un peu pour voir, un geste effectué ou simplement la conséquence des paroles, des actes de quelqu'un. C'est comme si... On vous arrachez une part de vous qui ne vous sera plus jamais rendue. Oui, comme la mort d'un être cher, la mort. C'est exactement ça. Quoi qu'il arrive, on ne peut pas revenir en arrière.
Et pourtant, vous êtes persuadés que cette personne est encore là, qu'en rentant vous allez la retrouver. Vous savez que ce n'est pas le cas, mais vous ne pouvez vous empêcher d'espérer. Oui. Je sais qu'ils ne sont plus là, et pourtant. Je continuerais de les chercher... Je sais qu'ils seront là.

Ma main glisse sur le pelage moelleux, doux et chaud de Kirara. Alors que mes yeux fixent l'horizon sans chercher quoi que ce soit, sans même regarder le ciel, je pense. Mes souvenirs m'emportent, plongeant mon cœur un peu plus profondément, dans les abîmes de la tristesse... Oui. Malgré ma force, il y a quelque chose que je ne peux pas supporter: leur absence. Alors que mes cheveux noirs, aussi noir que mes pensées, flottent librement dans les airs, mon coeur lui est en cage. Une cage de douleur...
Un petit rugissement me sortit de mes pensées, sur mes genoux, roulée en boule, Kirara m'observe de ses grands yeux rouges... Un fin sourire étirait mes fines lèvres alors que j'écrasais du dos de la main des larmes naissantes. Elle couina. Je sais qu'elle pouvait ressentir ma peine, la peine d'avoir perdu mes enfants. Je le sais, elle ressent tout. Mais je suis désolée Kirara, je ne peux te le cacher. Pas à toi. A personne. Même si je me montre forte... Du haut de la petite colline, mes jambes pendent dans le vide, parfois, je me demande ce qui me retient de laisser mon corps entier tomb... Non.

Je décide de remonter mes jambes, bougeant Kirara qui se loge sur mon épaule, je pense que marcher me fera du bien. Je m'éloigne donc de cette douce tentation de regagner les ténèbres, pour aller vers le village. Nous ne sommes pas dans "notre petit village"... Mais bel et bien sur la route. Je ne veux plus rester immobile. Pas là-bas. Dépoussiérant ma jupe verte, je resserre mon haut de kimono, je reprenais Hiraikotsu en direction du village...
Je reprenais mon air "normal", souriante et la tête haute. Comme d'habitude. Je ne sais pas où étaient les autres, et je n'avais pas spécialement envie de les rejoindre... Même si aller me détendre dans les sources d'eau chaude avec Kagome était une idée plutôt plaisante. J'allais tout simplement me mettre près de l'échoppe de thé, un bon thé, ça passerait le temps... Puis j'irais sûrement regagner la petite troupe. Peut-être que je pourrais brosser Kirara tout à l'heure ? Je gratouillais le menton de ma camarade avant d'entrer dans la petite échoppe.

Je me retrouvais assise sur le banc présent devant la devanture, une tasse de thé dans les mains. C'était un thé aux fleurs des bois, très aromatique, fleuris et doux... Différentes saveurs restaient dans la bouche après avoir bu une gorgée. Un parfum qui ne plaît pas à tout le monde... D'ailleurs, je me demandais s'il me restait assez de Nioidama. Il allait sûrement falloir que j'en refasse. Je fermais les yeux, laissant la brise légère me caresser le visage... Kirara s'était roulée en boule à côté de moi, dormant paisiblement. Qu'est-ce que j'aimerais pouvoir dormir comme ça. Je laissais un soupire passer entre mes lèvres avant d'entendre des bruits de pas.  Mes yeux s'ouvraient rapidement, entendant quelqu'un arriver au pas de course. Je relevais la tête, sans vraiment comprendre, deux femmes semblaient affolées...

- Alors ? Des nouvelles de ta fille?
- Non... Elle n'est pas rentrée... Ma pauvre chérie... Elle n'a que six ans, elle doit être morte de peur...

Je les écoutais sans vraiment m’intéresser... Une fillette semblait avoir disparu. Elle jouait près de la rivière avec ses amis quand elle aurait disparu. Je ramenais ma tasse à ma bouche, fermant les yeux en buvant une gorgée. Elle devait sûrement être avec un de ses amis...

- Yioshi m'a dit qu'elle avait ta fille partir vers la grande rivière avec homme!

Mes yeux s'ouvrirent. Je ne pouvais pas laisser passer ça... Sûrement le coeur de la mère qui parle. Quelqu'un qui enlève des enfants... Et si c'était lui qui avait enlevé les miens. J'aurais sûrement aimé que quelqu'un les secours. Je me levais, posant la tasse et de quoi payer ma consommation, je me levais en sifflant Kirara pour qu'elle me suivre. A marche rapide je regagnais la petite auberge où nous passions la nuit, heureusement, il n'y avait personne... Je ne voulais pas mêler les autres à ça. Une fois sur place, j'enlevais soigneusement mon kimono, ma jupe, mon obi... En tenue de chasseuse de yokaï, je regardais par la fenêtre. J'espérais sincèrement retrouver cette petite fille. Je vérifiais que j'avais tout... Il n'y avait pas une seconde à perdre: une fois dehors, je sifflais en me mettant à courir, Kirara se transforma pour qu'on aille plus vite... Je ne pouvais rester les bras croisés, me voilà à chevaucher ma fidèle amie pour voir ce qu'il se passait...